ÉTAPE 2 : SENSIBILISATION

Quelles sont les personnes impliquées?

Les jeunes qui se font intimider peuvent se sentir très isolés. En réalité, toute situation d’intimidation implique de nombreuses personnes, certaines visibles, d’autres invisibles.

Le pouvoir des témoins

Le pouvoir de la personne qui se livre à des actes d’intimidation est profondément influencé et peut être intensifié ou atténué par les actions ou le manque d’action des témoins. Cette personne mise sur le fait que les témoins – les personnes qui sont présentes ou qui sont au courant de l’intimidation – vont appuyer ses comportements et ne feront rien pour aider la personne intimidée. Elle puise donc son pouvoir à même la peur ou la complicité des témoins qui gardent le silence.

L’isolement de la jeune personne intimidée augmente le pouvoir de l’élève qui l’intimide. Cet isolement peut être diminué ou accru par les personnes-ressources adultes (et souvent les jeunes) qui ont la capacité de devenir une source de soutien et d’aide pour l’élève intimidé. Lorsque les jeunes présument que les adultes qui les entourent ne les croiront pas ou ne voudront pas ou ne pourront pas les aider, il est peu probable qu’ils demandent de l’aide. Dans un tel contexte, les jeunes qui intimident les autres peuvent le faire en toute liberté, sachant que leurs actes resteront secrets.

Chacune de ces personnes a le pouvoir d’influencer la situation pour le meilleur ou pour le pire et un choix à faire quant au rôle qu’elle va jouer. En même temps, de nombreux facteurs influencent la décision des témoins et des personnes-ressources de maximiser leur potentiel d’apporter des changements positifs et, le cas échéant, comment ils s’y prendront.

Devenir une alliée ou un allié

Nous savons que bon nombre de jeunes n’aiment pas être témoins d’actes d’intimidation et veulent les faire cesser. De nombreux adultes qui ont été témoins d’actes d’intimidation alors qu’ils étaient à l’école nous ont parlé de l’anxiété et de la culpabilité ressenties dans ces situations.

La majorité des élèves n’intimident pas les autres et ne sont pas intimidés. Ce sont les témoins et les allié.e.s. À ce titre, ces jeunes possèdent l’immense pouvoir – dans bien des cas inexploité – d’influencer positivement le climat scolaire. S’ajoute à ce pouvoir la capacité souvent négligée des élèves de s’entraider et de bénéficier du soutien des pairs. En tant que parents, nous pouvons jouer un important rôle pour aider nos enfants à reconnaître leur pouvoir, développer leurs compétences et trouver le courage d’interrompre l’intimidation.

Si on enseigne à nos enfants les compétences nécessaires et les façons sécuritaires de soutenir leurs pairs qui se font intimider, la plupart se sentiront mieux outillés pour intervenir et heureux de le faire. Les jeunes deviennent alors des allié.e.s. Favoriser la capacité et l’engagement de nos enfants à devenir des allié.e.s constitue un élément essentiel de la prévention de l’intimidation.

Pour établir un climat sain, nous pouvons enseigner à nos enfants des moyens simples et sécuritaires d’agir selon leur conscience en présence d’injustice. En même temps, il est important que nos enfants sachent qu’ils ont le choix d’intervenir ou non et que leurs préoccupations pour leur propre sécurité sont également valides. En tant que parents, en collaboration avec les adultes de l’école, nous sommes responsables d’assurer que les jeunes puissent intervenir et dire ce qu’ils pensent tout en restant en sécurité.

Les allié.e.s peuvent éviter de donner du pouvoir à l’enfant ou à l’ado qui se livre à des actes d’intimidation :
  • en montrant leur appui à l’enfant, à l’adolescente ou l’adolescent qui se fait intimider;
  • en refusant de rire avec les autres ou de regarder les actes d’intimidation et en quittant la scène;
  • en demandant l’aide d’amis ou d’adultes.

Il est important de ne pas se fâcher contre les jeunes ou de montrer que l’on est déçu s’ils n’embrassent pas le rôle d’allié.e.s. On peut plutôt explorer la situation afin de les aider à comprendre les répercussions de leur intervention (ou du manque d’intervention) et à développer leurs compétences. La clé est de garder les lignes de communication ouvertes. En reconnaissant et en validant leurs peurs et leurs inquiétudes quant à leur sécurité et en leur offrant le soutien dont ils ont besoin, on les encourage à jouer ce rôle. Il n’est jamais trop tard pour que les jeunes mettent ces compétences en pratique.

Bien des enfants et des ados sont capables de poser des petits gestes de courage et de gentillesse qui peuvent contribuer à créer un milieu sain à l’école. En tant qu’adultes, nous avons la responsabilité de fournir un soutien efficace et d’assurer la sécurité des jeunes qui ont le courage d’agir comme allié.e.s.

Adultes au soutien des jeunes

Sans le soutien continu des adultes de la communauté scolaire, il est impossible de prévenir l’intimidation dans une école. Ces personnes sont les principaux catalyseurs capables d’effectuer les changements essentiels dans le climat scolaire qui permettent aux enfants et aux ados témoins d’intimidation d’avoir le courage de désamorcer la situation et de se porter à la défense des droits du jeune qui se fait intimider.

Les jeunes nous observent constamment. Notre propre tolérance à l’égard des comportements inappropriés se reflétera dans leurs attitudes. Nous transmettons un message clair lorsque nous posons un geste pour interrompre toute forme de comportements inappropriés - lorsque nous les voyons - et de paroles malveillantes - lorsque nous les entendons. Même si ces gestes ou paroles ne dégénèrent pas en intimidation, ils contribuent quand même à l’établissement du climat dans lequel nos jeunes vivent et apprennent. Grâce à notre engagement constant et constructif et à l’exemple que nous donnons, nous pouvons réduire l’intimidation.

Notre engagement – qui se manifeste en donnant constamment le bon exemple, en ayant recours à des interventions fondées sur la prise en charge visant à mettre fin à des situations d’intimidation et en offrant un soutien sensible et constant à tous les jeunes – se révèle indispensable à la prévention de l’intimidation.