ÉTAPE 2 : SENSIBILISATION

L'intimidation, c'est quoi?

L’intimidation est douloureuse et dommageable et peut même mettre la vie des jeunes en danger. Ses effets peuvent perdurer bien au-delà de l’enfance et de l’adolescence. La première étape pour prévenir l’intimidation est de la comprendre, de savoir de quoi il s’agit et de quelles façons elle touche nos enfants – et nous toutes et nous tous – afin de veiller à ce que tous les jeunes vivent dans « la sécurité, la force et la liberté ».

Remarque : Le slogan vivre dans « la sécurité, la force et la liberté », créé par un centre d’aide aux victimes d’agression sexuelle de Columbus, en Ohio, est un concept clé du projet Child Assault Prevention (CAP), un programme de prévention de la violence pour les enfants de la maternelle et des écoles élémentaires. Le Projet ESPACE (version française de CAP) est la pierre angulaire des programmes et ressources du COPA. Le slogan oriente tous les aspects du travail du COPA.

Qu’est-ce que l’intimidation?

L’intimidation revêt plusieurs formes. Elle peut être subtile, flagrante, facile à détecter ou cachée.

En général, elle consiste en des comportements répétés, mais il peut s’agir aussi d’un seul geste, souvent accompagné de la menace de répétition. Le rejet social, la force physique ou coercitive, l’agression psychologique ou les menaces subtiles ou explicites en sont d’autres formes.

Toutes sortes de personnes sont la cible d’intimidation. Et toutes sortes de personnes intimident les autres. Bon nombre d’enfants et d’ados qui intimident les autres ont déjà été ou sont la cible d’intimidation.

Agression physique : Frapper, pousser, voler, endommager la propriété d’autrui.

Agression verbale : Se moquer de l’autre, l’insulter, faire des commentaires sexistes, racistes ou homophobes.

Agression sexuelle : Faire des commentaires à connotation sexuelle, des attouchements, agresser l’autre.

Agression sociale : Exclure les autres, commérer, faire courir des rumeurs.

À l’école, elle peut avoir lieu dans les corridors, les salles de classe, la cour d’école, le gymnase, la bibliothèque, pendant les assemblées et les excursions scolaires et dans les autobus scolaires. Elle peut se produire à l’aller-retour entre l’école et la maison, à l’aide d’un téléphone cellulaire ou d’Internet.

Les personnes qui intimident les autres peuvent agir seules ou en groupe et peuvent cibler une personne, ou deux, ou même tout un groupe. Ces personnes comptent beaucoup sur la loi du silence et sur d’autres jeunes qui les aident, les encouragent, ou à tout le moins qui observent la scène et ne font rien pour interrompre l’agression.

DÉFINITION DE L’INTIMIDATION : Le projet de loi 13 (Loi pour des écoles tolérantes) modifiant la Loi sur l’éducation est entré en vigueur le 1er septembre 2012. Cette nouvelle loi vise à réduire l’intimidation dans les écoles et, à cette fin, les conseils scolaires sont tenus d'agir de façon à prévenir et à réduire l’intimidation.

Extrait de la nouvelle définition :

L’intimidation est un comportement agressif et généralement répété d’un élève envers une autre personne qui, à la fois :

a) a pour but, ou dont l’élève devrait savoir qu’il aura vraisemblablement cet effet :

(i) soit de causer à la personne un préjudice, de la peur ou de la détresse, y compris un préjudice corporel, psychologique, social ou scolaire, un préjudice à la réputation ou un préjudice matériel, (ii) soit de créer un climat négatif pour la personne à l’école;

b) se produit dans un contexte de déséquilibre de pouvoirs, réel ou perçu, entre l’élève et l’autre personne, selon des facteurs tels que la taille, la force, l’âge, l’intelligence, le pouvoir des pairs, la situation économique, le statut social, la religion, l’origine ethnique, l’orientation sexuelle, la situation familiale, le sexe, l’identité sexuelle, l’expression de l’identité sexuelle, la race, le handicap ou des besoins particuliers. On entend par comportement, le recours à des moyens physiques, verbaux, électroniques, écrits ou autres.

On reconnaît la cyberintimidation comme :

a) la création d’une page Web ou d’un blogue dans lequel le créateur usurpe l’identité d’une autre personne; b) le fait de faire passer une autre personne comme l’auteur de renseignements ou de messages affichés sur Internet; c) la communication électronique d’éléments d’information à plus d’une personne ou leur affichage sur un site Web auquel une ou plusieurs personnes ont accès.

Remarque : La cyberintimidation comprend la propagation de rumeurs, de photos, d’idées ou de commentaires blessants par cellulaire, dans les messages textes, les médias sociaux et les sites Web.

Nous évitons d’utiliser les termes « intimidateur ou intimidatrice » et « victime ». De cette façon, nous permettons aux gens de changer plutôt que de leur accoler une étiquette préjudiciable. Selon le COPA, la personne qui pose des gestes d’intimidation, celle qui se fait intimider et celles qui sont témoins d’intimidation peuvent toutes changer en ayant les connaissances, les compétences et le soutien nécessaires.

Quelle est l’étendue du problème?

Malheureusement, l’intimidation est chose courante dans nos écoles. Les Parsons, spécialiste canadien de la prévention de l’intimidation, affirme qu’entre le tiers et les trois quarts des élèves sont impliqués dans des situations d’intimidation. Une recherche menée par des chercheurs de l’Université de Calgary révèle que la moitié des élèves sondés disent avoir été intimidés.

La popularité grandissante des médias électroniques ouvre de nouvelles voies aux jeunes qui cherchent à intimider les autres, donnant lieu au phénomène de la cyberintimidation.

Une étude menée par les services de santé de la région de York confirme que parmi les jeunes qui utilisent les sites de clavardage et de messagerie instantanée, 25 % disent avoir reçu des messages intimidants, 14 % des menaces par Internet et 16 % admettent avoir transmis des messages de menaces.

Très peu de situations d’intimidation sont consignées officiellement. Selon plusieurs études, un grand nombre de situations d’intimidation à l’école, probablement jusqu’à 80 % d’entre elles, ne sont jamais déclarées ni dénoncées. Dans bien des cas, les jeunes qui sont la cible de cyberintimidation hésitent à la signaler parce qu’ils ont peur que leurs parents leur interdisent l’accès à leur ordinateur ou à Internet.

Qui se fait intimider?

Aucune logique ni aucun élément commun n'expliquent pourquoi les jeunes qui ont recours à l’intimidation choisissent une personne en particulier comme cible. Ces jeunes veulent du pouvoir et choisissent de l’obtenir en intimidant les autres et n’ont pas besoin d’excuse pour le faire.

Un sondage mené par le COPA en 2008 auprès d’élèves des écoles secondaires a révélé que les élèves croient que le manque de tolérance des différences se trouve au cœur du problème de l’intimidation. Le sondage a aussi démontré que le type de différence n’avait aucune importance; si une personne veut en intimider une autre, elle trouvera bien un prétexte pour le faire.

Une différente façon de parler, le rendement scolaire, la situation socioécomique ou une différence physique ou intellectuelle, ou encore la personnalité suffisent pour viser une personne. Le comportement du cercle d’amis, l’habillement ou l’allure d’une personne peuvent attirer l’attention de la jeune qui a recours à l’intimidation.

La personne intimidée n’est jamais à blâmer.